Les pagodes sont construites principalement en bois. De puissantes
colonnes de bois de fer supportent une lourde charpente couverte de
deux épaisseurs de tuiles: une couche de tuiles plates sous une
couche de tuiles décoratives en général en forme
de demi-lune ou de feuille de mûrier. La première couche
joue le rôle d'isolant tout en préservant l'esthétique
intérieure du bâtiment en l'absence de plafond. La toiture
massive est structurée pour résister aux fréquents
typhons. Les murs, quant à eux, ne contribuent pas à la
solidité de l'édifice; ils ne servent qu'à isoler
l'intérieur de l'extérieur.
Les pagodes du Nord du Vietnam abritent un riche panthéon constitué
de statues en bois de jacquier ou en plâtre laqué représentant
les divinités taoïstes et bouddhistes, en particulier des
saints et des démons. Selon la tradition vietnamienne, la construction
d'une pagode répond à des rites stricts. Le lieu et l'orientation,
de même que la date de construction, sont déterminés
par des géomanciens.
Ce sont les moines qui ont la charge de l'organisation des cérémonies
rituelles afin d'obtenir les bonnes grâces des esprits de la Terre
pour l'édification de la pagode. Par exemple, un de ces rites
consiste à faire flotter au vent des étoffes rouges symbole
des flammes pour faire croire aux esprits du feu qu'un brasier est déjà
allumé et qu'il leur est inutile d'approcher.
Au XIème siècle, la cour de la nouvelle dynastie
des Ly' témoignait d'une très grande ferveur bouddhiste.
Les bonzes y jouissaient d'une forte influence. En 1031, Ly' Thai Tô
remporta une grande victoire militaire contre le Royaume du Champa dont
il détruisit la capitale Indrapura. Il s'empara d'un immense
butin grâce auquel il entreprit la construction, dans le delta
du Fleuve Rouge, de 95 pagodes qu'il inaugura en grande pompe.
Beaucoup d'entre elles furent malheureusement détruites en 1428
lors de la guerre de libération menée contre les Ming
par Lê Lo'i. Celles qui demeurent constituent cependant les plus
beaux vestiges de pagodes du Vietnam.
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